L’autotraduction aux frontières de la langue et de la culture
L’autotraduction est un phénomène culturel universel et néanmoins largement ignoré. L’autotraducteur est un bilingue voire un polyglotte, et les parcours sont variés, d’une éducation bilingue à des trajectoires migratoires diverses, à l’appartenance à des contextes de minoration ou postcoloniaux. On le considèrera avant tout comme un traducteur, mais assurément comme un traducteur privilégié, parfois déçu par le travail d’un autre, souvent à la recherche d’une plus grande notoriété, désireux d’accéder à des « champs littéraires » plus vastes, toujours en situation de prendre toute liberté par rapport à sa propriété intellectuelle. L’autotraduction est aussi un exutoire possible à la condition même du bilingue ou du plurilingue dans sa quête d’identité.
Il s’agit d’abord de définir le territoire de l’autotraduction et de se pencher sur les motivations de ceux qui la pratiquent. D’un point de vue technique, les processus mis en oeuvre sont multiples et souvent complexes, de la traduction décalée à la traduction en parallèle, suscitant chez certains auteurs-traducteurs, à travers des strates de réécriture, une quête exigeante et au long-cours du dire et de l’écrire.
Le propos de cet ouvrage est de montrer qu’au-delà d’un noyau bien identifié d’autotraducteurs de grande notoriété, leur nombre est bien plus conséquent, offrant des études de cas surprenantes ou suggestives, et que ce territoire épistémologique, de nature pluridisciplinaire, est aujourd’hui très attractif et pleinement ouvert aux chercheurs et aux lecteurs.