La sémiologie de Saussure et la sémiotique de Greimas comme épistémologie discursive: une troisième voie pour la connaissance

Waldir Beividas

Sémiologie et sémiotique

  • Traducteur : Féral Lionel Antoine
  • Introduction : de l'auteur
  • Préface : de Michel Arrivé
  • Ouvrage publié avec le concours de la Fondation pour la recherche de l'État de São Paulo (Brésil)

Deux voies savantes dominent l’épistémologie, conduisant, coordonnant et se soumettant l’imagination des chercheurs : la voie scientifique de la physique et de la biologie et la voie philosophique gouvernée par la Raison. La voie scientifique peut être dite « réaliste » : elle tient la réalité pour un déjà-là dont les structures attendent d’être découvertes comme si par une « astuce de la Nature », celle-ci nous cachait sa vérité profonde. La voie philosophique, d’ordre transcendental, voit dans le monde une construction du sujet, comme si par une « astuce de la Raison », celle-ci ne dévoilait qu’au passage du temps les ressorts cognitifs de la connaissance du monde.
Inspiré par la pensée de Saussure relayée par Greimas sous les noms respectifs de sémiologie et de sémiotique, le présent ouvrage tente d’ouvrir une troisième voie épistémologique, la voie discursive, la voie du langage constructeur unique de toute connaissance, qu’il s’agisse de sciences ou de philosophie.
Voie ni réaliste, ni transcendantale, mais immanente, pour laquelle les réalités et les vérités du monde sont des « astuces de l’Énonciation ». À travers des machineries complexes, d’ordre sémantico-syntaxique, les langages construisent des « rationalités discursives » dont les unes l’emportent sur les autres et leur succèdent tout au long de l’histoire. Évitant à la fois le réalisme ingénu des sciences et le subjectivisme abstrait de la philosophie, l’« épistémologie discursive » ne suppose pas un monde donné d’avance. Pour elle, le monde résulte d’une vaste opération signique à laquelle tous les discours participent et dans laquelle l’humanité puise tous ses savoirs.