Ambivalence et énantiosémie – Des tendances et désirs de la psyché au langage et à la poésie
L’ambivalence psychique se reflète dans le langage par l’énantiosémie, coprésence de sens contraires. Freud en avait eu l’intuition en prenant connaissance des travaux du linguiste Carl Abel. L’acquisition du langage s’opère dans un moment d’ambivalence entre fusion et séparation d’avec la mère et la langue en porte la marque. Le désir est ambivalent et sa sublimation s’effectue sur le même mode. L’énantiosémie du langage s’avance masquée, comme l’Inconscient, sous-jacente dans le lexique, la syntaxe et la sémantique — en particulier sous forme de négation — , dans la prosodie et la phonologie, dans les figures de style. Elle est liée à la plasticité de la langue qui peut dire à la fois quelque chose et son inverse. Présente au fond de la pensée et de l’imaginaire, elle est magnifiée par la poésie dans l’harmonie des contraires.