Boris Vian : le corps de l’écriture
La pensée freudienne oscille toujours entre l’Universel – les fantasmes originaires, les processus primaires – et le Singulier – le discours et l’histoire du patient. La psychanalyse des textes littéraires n’échappe évidemment pas à cette dichotomie, ce qui la voue à retrouver dans chaque œuvre les «complexes» qu’il serait improbable de ne pas rencontrer, mais aussi la singularité de l’auteur dans ce qui l’habite intimement.
La méthode en découle : elle est associative. En superposant les textes, comme ici L’Écume des jours et Vercoquin et le plancton avec J’irai cracher sur vos tombes, les Cent sonnets ou les Lettres au Collège de ’Pataphysique, des nœuds de sens s’imposent d’eux-mêmes, aussi surprenants qu’hypoïde, spirochte ou nénuphar. À ce jeu associatif, et contre toute attente, se dévoilent les sources biographiques et obsédantes de l’écriture vianesque : nous assistons véritablement à la naissance de l’écrivain ! Et en prime, cette oeuvre qui semble si disparate à première vue finit par montrer une profonde cohésion.