De l’autobiographie à la mise en scène de soi. Le cas Rousseau
Dans la perspective de l’analyse de discours, en s’efforçant d’articuler image de soi, fonctionnements textuels et institutionnels, ce livre cherche à modifier la représentation conventionnelle selon laquelle les écrits autobiographiques de Rousseau dévoileraient l’intimité du philosophe. Il s’attache à montrer que, loin d’être le lieu d’une quelconque expression de soi, les Confessions, les Dialogues et les Rêveries soutiennent la légende d’un auteur conscient de la nécessité de contrôler la postérité de son nom à travers la mise en scène d’une figure hors norme. Les trois écrits répètent le même argumentaire selon des configurations toujours nouvelles. Qu’ils s’appuient sur les réminiscences d’un je de mémoire ou sur le dialogue avec un personnage, ils ne prétendent pas tant à rendre compte de la recherche d’un «temps perdu» qu’à transcender toute temporalité. Au-delà de l’autocélébration, se détachant de la fonction ancillaire de vie de philosophe, ils aspirent à être lus comme œuvres à part entière.