Détrôner l’Être
Wittgenstein antiphilosophe ? En réponse à Alain Badiou
L’occasion de ce livre n’est pas tant de polémiquer avec Alain Badiou, – pour qui Wittgenstein est un antiphilosophe dont seul le Tractatus est digne d’être lu, – que de renverser la critique : tandis que pour Badiou, le philosophe doit guérir de l’antiphilosophie, – c’est-à-dire, selon lui, de l’antiplatonisme, – Wittgenstein soutient au contraire que pour guérir du platonisme, il faut lâcher l’idée d’une doctrine arrêtée des fondements objectifs de la signification pour une pratique d’application qui fait de la philosophie une activité à l’épreuve du réel. L’Être détrôné laisserait alors le champ à l’être se manifestant à nous par les aspects que nous en recueillons. Ce mouvement reconduit vers une politique du langage, dans une perspective engagée que Badiou a refusé de reconnaître au Cercle de Vienne pourtant inspiré en premier lieu par Wittgenstein. Car en nous ramenant au sol de nos usages, la méthode descriptive consiste bien à nous ramener de la grammaire vers les institutions.
Professeur émérite de philosophie à Paris 8 – Saint-Denis, Antonia Soulez est l’auteur de nombreux travaux sur la philosophie (La Grammaire philosophique chez Platon, 1991), sur la philosophie du langage, sur le Cercle de Vienne et Wittgenstein (Manifeste du Cercle de Vienne et autres écrits, 2e éd., 2010). Elle a réédité les Dictées de Wittgenstein à Waismann et pour Schlick transcrites par Friedrich Waismann (2015) et prolongé sa réflexion par une exploration des relations entre langage et musique avec Au fil du motif, autour de Wittgenstein et la musique (2012).
Première édition : 2016
Deuxième édition : 2023