Humour, parodie et dérision dans la Tunisie postrévolutionnaire
La culture arabo-musulmane est riche en histoires drôles. Du Machreq au Maghreb, les littératures classique et moderne foisonnent d’œuvres humoristiques en tous genres. En Tunisie, de grands auteurs, à l’instar d’Ali Douagi et Mustapha Khraief, se sont nourris d’humour populaire. « Chansonniers, journalistes, libres-penseurs, anticonformistes, désargentés, pessimistes et désespérés de leur état, mais qui se venge[nt] de l’adversité par l’ironie et l’humour noir […], rien n’échapp[e] à leur regard satirique, déjouant par le rire la déchéance sociale et l’injustice de l’histoire » (Philippe Di Folco, Le goût de Tunis, 2007, p. 90).
L’un des acquis les plus importants de la Révolution tunisienne de 2011 a été la liberté d’expression. Sur scène, dans les médias et sur les réseaux sociaux, les humoristes en partagent le plaisir retrouvé avec le public. Remparts dressés contre la dictature des faux dévots, ils dérangent les pouvoirs en place, tant civils que religieux, et sont l’objet de menaces.
Le foisonnement discursif de ces pratiques culturelles appelle une réflexion sur les ressorts stylistiques, pragmatiques et sociolinguistiques de l’humour, de la parodie et de la dérision dans le contexte instable du pays.
Par leur polyvalence et leur hétérogénéité, de tels objets sont difficile à saisir. Un clip, un sketch, des émissions de télévision, des extraits de spectacles, des dessins de presse, des blagues de la rue, ces supports à codes multiples permettent d’apprécier toutes les facettes de cet humour – ici pris très au sérieux.