L’Accent
Savoir « où mettre l’accent » (on dit aussi « accent tonique ») est un difficile problème pratique dans l’apprentissage de nombreuses langues, anglais, russe, italien et bien d’autres. Décrire et expliquer ce phénomène est depuis longtemps une préoccupation des linguistes. Le présent livre, paru en 1968, traduit depuis en plusieurs langues, mis à jour et réédité aujourd’hui, propose une théorie générale phonologique de l’accent, défini non par ses caractères phonétiques (intensité, hauteur, etc.), mais par sa fonction, qui est contrastive. Elle consiste à créer dans chaque mot (ou unité accentuelle), entre une syllabe (ou unité accentuable) et toutes les autres, un contraste qui est la marque formelle du mot. Les critères auxquels on reconnaît un trait accentuel sont définis, et les divers procédés de création du contraste analysés.
Dans certaines langues, dont le français, l’accent est « fixe » par rapport à une des limites externes du mot. Dans d’autres, il est dit « libre », mais cela ne signifie pas arbitraire, imprévisible. Sa place est commandée alors par la structure morphologique interne du mot. Celui-ci a un seul accent, mais les morphèmes qui le composent ont des propriétés accentuelles, c’est-à-dire une aptitude (ou une inaptitude) à influer sur la place de cet accent selon des règles de combinaison propres à chaque langue. La connaissance de ces règles rend cette place prévisible. Ces phénomènes sont illustrés par l’examen détaillé d’une quinzaine de langues et la référence à de nombreuses autres.
Deuxième édition corrigée et augmentée de L’Accent, paru aux Puf en 1968 dans la collection « Le Linguiste » dirigée par André Martinet.