Les emprunts lexicaux à l’allemand en français contemporain
C’est d’un pays slave, la République tchèque, que nous vient cette toute première étude des mots allemands du français. L’ouvrage met en œuvre deux corpus. Le premier reprend le lexique marqué « empr. à all. » (et rubriques similaires) du Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi), soit 382 mots progressivement ramenés à 105 après élimination des termes scientifiques et techniques de façon à rester dans le vocabulaire général de la langue. Le second est constitué d’archives numériques de la presse écrite française – éditoriaux, actualités, reportages, chroniques, enquêtes, débats, courriers de lecteurs, etc. – accessibles sur les sites de trois périodiques : Le Figaro, Libération et Le Nouvel Observateur, intégralement sondés sur un peu plus de dix ans, un matériau discursif évalué à quelque 720 000 textes et près de 500 millions de mots. Les résultats permettent de classer les emprunts à l’allemand par ordre de fréquence, avant de tester la connaissance des emprunts de fréquence inférieure à 30 auprès de locuteurs natifs par une enquête sur questionnaire. Trois groupes d’emprunts et trois profils d’usagers s’en dégagent : mots bien connus, moyennement connus et peu connus (ou pas connus du tout) ; usagers connaissant bien, moyennement ou peu (ou pas du tout) les mots français empruntés à l’allemand. Connus des plus âgés, ignorés des plus jeunes, empruntés à des époques plus anciennes que les mots anglais et référant à des entités extra-linguistiques souvent révolues, de nombreux mots allemands du français semblent bien, du fait du renouvellement naturel des générations, promis à une disparition rapide.