Les intellectuels et le politique au Brésil (XIXe – XXe siècles)
Les rapports entre les intellectuels et le politique au Brésil ont toujours été complexes. Le pays a longtemps été caractérisé par une immense population rurale, misérable et analphabète, dominée par des structures locales archaïques, tandis que les lettrés des métropoles s’attribuaient le rôle de porteurs de la « conscience nationale » et d’agents naturels de la construction de l’État, ayant pour mission de fonder puis réformer, guider et valoriser la Nation. La victoire de Getúlio Vargas en 1930 accélère l’entrée des intellectuels dans le monde politique. Les régimes autoritaires qui suivent, Estado Novo de 1937 à 1945 et dictature militaire de 1964 à 1979 ont pu compter sur le soutien d’une part importante des élites culturelles du pays.
Depuis la fin des années 1970, sociologues et historiens se sont penchés sur cet acteur incontournable de la vie politique brésilienne, donnant naissance à un nombre considérable d’ouvrages sur le sujet. Centrées d’abord sur l’« ère Vargas », les recherches se sont étendues à d’autres thèmes et périodes : rapports entre hommes de lettres et pouvoir impérial, rôle des écrivains de la Première République, importance de la « Génération de 1870 », activité des intellectuels de gauche pendant la dictature militaire… Cependant, malgré la multiplication, l’ampleur et la profondeur de ces études, les différents aspects, acteurs et périodes sont loin d’être épuisés.
L’ouvrage présente de nouvelles approches dans l’étude des intellectuels brésiliens à partir des travaux en cours et ouvre de nouveaux chantiers. D’où la diversité des perspectives, tant par la méthodologie de recherche que par les sources utilisées et les périodes étudiées.
En couverture : le général Ernesto Geisel, président de la République fédérative du Brésil (15 mars 1974- 15 mars 1979), reçoit Miguel Reale, juriste, ex-président de l’Université de São Paulo (1969-1973) (photo prise le 6 mai 1975 © Fondation Getúlio Vargas – CPDOC)