Les pratiques discursives du savoir
Le cas sémiotique
La sémiotique possède un statut épistémologique difficile à cerner. Ses objets d’étude (produits culturels, pratiques sociales, techniques, milieux du vivant) débordent très largement le cloisonnement des terrains ordinairement admis, y compris parmi les sciences humaines ; et le champ d’expérience qu’elle recoupe est si diversifié qu’il empêche toute unification théorique. Cette double hétérogénéité – des objets d’étude et des moyens d’analyse – fait douter que la sémiotique puisse être constituée en discipline de savoir. Mais si la sémiotique n’est pas une discipline, quel est son statut ?
L’ouvrage s’efforce de répondre à cette question en prenant au sérieux les problèmes épistémologiques que pose son cas. Il adopte ainsi un mouvement de va-et-vient entre l’exposition d’une pratique discursive du savoir et la réflexion sur les moyens nécessaires à son examen.
Sont successivement analysées l’organisation interne (disciplinaire, interdis-ciplinaire) du savoir sémiotique, sa participation à l’organisation générale des connaissances, l’histoire et le programme de recherche, les outils techniques, les gestes discursifs de l’argumentation, enfin les formes de l’objectivité.
Sémir Badir, maître de recherches du Fonds National belge de la Recherche Scientifique à l’université de Liège, est un linguiste spécialisé en sémiotique. Ses intérêts de recherche visent les aspects épistémologiques des théories linguistiques et sémiotiques ainsi que les modèles conceptuels appliqués aux disciplines artistiques. Il est l’auteur notamment d’ Épistémologie sémiotique. La théorie du langage de Louis Hjelmslev (Honoré Champion, 2014) et de Magritte et les philosophes (Les Impressions Nouvelles, 2021).