Merleau-Ponty, une esthétique du langage
Depuis La Phénoménologie de la perception jusqu’à Le visible et l’invisible et les derniers cours au Collège de France, Merleau-Ponty n’a cessé d’interroger ce qu’il a d’abord nommé «mystère», «miracle» puis «paradoxe» de l’expression, ce passage de l’expérience muette à la parole qu’il donne à comprendre comme la métamorphose de cette chair sensible du monde dont nous sommes en cette autre chair qu’est celle du langage.
A l’école des voix silencieuses de l’art, de celle de la littérature, et dans la confrontation à l’histoire, le philosophe a ainsi mis à l’épreuve une esthétique du langage décrivant la vie sensible du sens.
Approcher cette pensée qui, dans sa fidélité phénoménologique, ne prétend qu’à amener l’expérience au langage, c’est avoir à refaire ce parcours. La parole s’y découvre dans l’écoute d’une autre, entend en soi son écho, ce qui, pour Merleau-Ponty, signifiait «comprendre». La présente étude voudrait tenter de donner ainsi à entendre la voix singulière d’une pensée qui demeure pensante dans notre lecture.
Patrick Leconte a enseigné la philosophie en Première supérieure. Outre sur Merleau-Ponty, son travail porte sur une phénoménologie de l’expérience éthique. Il a publié Proximité, lectures du phénomène-éthique, Le Cercle herméneutique, 2011 ; Souffrir, Les Belles Lettres, 2012 ; « Il ne suffit pas d’être né », dans Philippe Cabestan (dir.), L’événement et la raison, autour de Claude Romano, Le Cercle herméneutique, 2016. Chez Lambert-Lucas, il a participé à la collection Didac-Philo par des contributions à La vérité (2019), Le langage (2020), Le bonheur (2021) et Le travail (2022).