La morale du linguiste : Saussure entre Affaire Dreyfus et massacre des Arméniens
Le savant se doit-il d’être une conscience ? Les projets de lettres aux journaux rédigés par Saussure entre 1894 et 1898 répondent manifestement «oui». Mais dans quel sens ? Comment comprendre son brouillon de lettre antisémite à La Libre Parole ? Puis comment comprendre qu’il s’affirme «dreyfusiste» en réponse, quatre ans plus tard, à une série d’articles parue dans Le Siècle ? Y a-t-il eu évolution, «étapes d’un intellectuel», ou au contraire à l’instar de nombreux contemporains coexistence d’un antisémitisme social et d’un soutien moral à la personne d’Alfred Dreyfus ? L’analyse de l’ensemble des pièces autographes disponibles replacées dans leur contexte idéologique ne permet pas de conclure, sinon pour réfuter les vaines explications auxquelles le sulfureux document a pu donner lieu.