Poétique de la lumière dans l’Enfer et le Purgatoire de Dante
Les deux premières parties de la Divine Comédie sont ici lues et interprétées à partir des valeurs associées par Dante à la lumière et aux altérations qu’elle subit dans le gouffre de l’enfer et dans la montagne du purgatoire. Le salut n’exige pas que le lecteur monte avec l’auteur jusqu’au paradis, mais qu’il fuie la corruption (les ténèbres) dans une conversion terrestre de l’esprit qui le rapproche par degrés successifs de la pratique des vertus (la lumière).
Pourquoi Dante attache-t-il ces deux royaumes de l’au-delà au monde d’ici-bas et revient-il avec insistance tout au long du poème sur les marques concrètes de leur lien avec la terre ? Pour répondre à cette question intrigante, Alessandro Benucci rapproche l’écriture de la Divine Comédie des vicissitudes biographiques de son auteur : la rencontre avec Béatrice, le bannissement de Florence, l’exil à travers une Italie meurtrie par les guerres offrant le spectacle d’une humanité en perdition. Allégories de la sphère terrestre, Dante traverse enfer et purgatoire pour échapper à la forêt obscure et atteindre les sommets illuminés par le soleil.
Les variations lumineuses dressent un modèle de conduite morale. Viator dans le monde des morts, le lecteur croise en enfer lueurs, miasmes incandescents et langues de feu, icones d’un usage malsain de l’intellect ; dans le purgatoire, aurores, crépuscules et clairs de lune figurent la libération progressive d’un esprit à qui est annoncée la rédemption immanente.