Pour une linguistique de l’énonciation, tome IV. Tours et détours
« Si vous dites “Il y a un vent”, il faut une prosodie particulière, sinon c’est impossible […]. “Il y a un vent !” veut dire qu’il y a qualification. Vous avez introduit une fragmentation puisque c’est un vent non quelconque. C’est tout, on ne demande pas plus : il est non quelconque. Si vous dites “Un vent comme ça”, c’est plus compliqué, “comme ça” signifie “comme le vent qu’il fait” ; “un vent comme ça” vous renvoie au prédicat “être vent”. […] Je ne peux pas dire simplement : “j’ai l’article indéfini ; j’ai le partitif”, ce sont des propos de syntaxe de surface, linéaire, qui ne peuvent pas rendre compte de la complexité des phénomènes. […] Les langues nous montrent qu’elles sont faites de tours et de détours extrêmement complexes (qui, heureusement, ne doivent rien aux linguistes : l’être humain a davantage d’imagination de ce point de vue-là).» (A. Culioli)
Nota : Le premier texte, intitulé « En guise de clôture », a une précédente fois été publié en préface du Tome II des œuvres d’A. Culioli, sous le titre « En guise d’introduction : bribes d’un itinéraire ». Cette première reprise ayant été amputée, l’auteur a souhaité la rééditer, complète, dans le tome IV, où sa présence ne constitue donc pas une erreur.