Soixante-six proverbes espagnols ambigus
Définition, catégorisation et contextualisation de l’ambiguïté proverbiale organique
Le sens d’un proverbe n’est pas toujours celui auquel on pourrait s’attendre. Le conseil qu’il donne est différent de celui qu’on lui aurait associé spontanément ou que les compilateurs du passé et les dictionnaristes d’aujourd’hui expliquent dans leurs gloses. Prenons Gota a gota, la mar se apoca. Ce proverbe possède deux schémas argumentatifs : « Si on persévère, on atteint ses objectifs » vs « Si on persévère, on épuise les réserves », dont les suites enthymémiques débouchent sur des évaluations axiologiques opposées : « Si on atteint ses objectifs, c’est positif » vs « Si on épuise les réserves, c’est négatif ». D’où des actes directifs contradictoires dont l’un prône l’opiniâtreté (« Il faut persévérer »), l’autre la tempérance (« Il ne faut pas persévérer »).
Ce constat nous a amenée à recenser les proverbes espagnols ambigus, tous supports, époques et espaces confondus. D’un corpus initial de quelque 150 proverbes, nous avons retenu 66 refranes dont l’ambiguïté organique se prête particulièrement à ce type d’analyse.
Interrogeant le sens des proverbes non plus en langue mais en discours en alliant sémantique, pragmatique et logique naturelle, l’ouvrage inaugure une problématique nouvelle en parémiologie.